Des stages pour étudiantes et étudiants autochtones contribuent à renforcer la communauté

(Source de l’image : Saskatchewan Polytechnic (Chanelle, Kimberly, Dakota))

Cette année, des étudiantes de trois programmes différents à Saskatchewan Polytechnic (Sask Polytech) ont obtenu un stage de recherche appliquée pour étudiantes et étudiants autochtones (page en anglais). Offerts pour la première fois en 2023, ces stages rémunérés sont destinés aux étudiantes et étudiants d’ascendance autochtone (Premières Nations, Inuits ou Métis) et visent à encourager et à soutenir leur participation à la recherche appliquée et à d’autres activités scientifiques.

D’une durée de trois à douze mois, chaque stage est financé à hauteur de 12 500 $ à 50 000 $ par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG), sous la forme d’une subvention de mobilisation accordée au titre du Programme d’innovation dans les collèges et la communauté (ICC) des trois organismes. Un comité de sélection, qui relève du bureau de la recherche appliquée et de l’innovation de Sask Polytech (page en anglais), administre le processus concurrentiel d’attribution des stages.

Pour Chanelle Gaudet, étudiante de dernière année dans le programme conjoint de formation d’infirmières et infirmiers praticiens (page en anglais) , la rémunération appréciable associée au stage s’est révélée une belle surprise. Dans le cadre de son projet final lors de la dernière session, elle devait trouver quelqu’un pour superviser ses travaux de recherche. Étant donné l’intérêt de l’étudiante pour la santé mentale et le bien-être, la gestionnaire de recherche Lindsey Boechler, qui mène des travaux dans le domaine, semblait le choix idéal.

« Je faisais déjà de la recherche avec Lindsey dans le cadre de mon programme d’études », explique Mme Gaudet. « Un jour où nous parlions de mon ascendance métisse, elle m’a dit que je serais peut-être admissible à un stage de recherche appliquée réservé aux Autochtones. Elle m’a aidée à présenter ma candidature, et je lui en suis vraiment reconnaissante. Je dispose d’un financement pour une période d’un an, ce qui pourrait représenter jusqu’à 50 000 $ pour des activités de recherche rémunérées. »

MmeGaudet, dont les parents sont d’ascendance métisse francophone, a grandi à Saint-Isidore-de-Bellevue. Elle espère ouvrir un jour une clinique privée comme infirmière praticienne. L’étudiante s’intéresse en particulier à la santé des femmes en postpartum et aux soins pédiatriques. Les travaux qu’elle mène dans le cadre de son stage portent sur des stratégies modernes et novatrices au profit des patientes et de leurs bébés.

« Bien des gens s’en tiennent constamment aux mêmes médicaments, qui sont parfois inefficaces », explique‑t‑elle. « Je fais des recherches sur d’autres interventions de longue durée, comme les régimes alimentaires et l’exercice physique, les stratégies d’adaptation, le counseling et des traitements moins bien connus tels que l’intégration neuroémotionnelle par les mouvements oculaires, la réponse autonome sensorielle méridienne et la thérapie assistée par la kétamine et la psilocybine. »

Mme Boechler explique que Chanelle Gaudet prend les rênes du projet en élaborant une proposition de recherche et en procédant à une revue de la littérature centrée sur la santé des Autochtones. « Son plan de recherche s’articule autour d’un examen de l’influence des infirmières et infirmiers praticiens sur le système de santé, pour les soins primaires, secondaires et tertiaires », explique-t-elle. « En collaboration avec des investisseurs locaux et des partenaires communautaires, Chanelle explorera des solutions technologiques, notamment les téléservices que l’on peut offrir à la clientèle vivant dans des régions éloignées et rurales. C’est vraiment un projet passionnant! »

Puisqu’elle fait de la recherche dans le cadre d’un stage rémunéré, Mme Gaudet peut se concentrer sur ses travaux et le domaine d’étude qui l’intéresse : « Ce stage me met à l’abri des contraintes financières, à plus forte raison dans la conjoncture actuelle. Il me permet aussi de développer ma relation avec ma directrice de recherche. J’apprends beaucoup. »

Kimberly Roberts, qui a aussi commencé un stage de recherche appliquée réservé aux Autochtones au printemps, en est à la deuxième année du programme de gestion intégrée des ressources (page en anglais) offert à Sask Polytech. Intéressée par la recherche appliquée dès le début de son programme d’études, elle a travaillé avec David Halstead, titulaire d’une chaire de recherche, à un projet communautaire mené en collaboration avec la Première Nation de Big River. L’équipe du projet a recours à la technologie des drones, tout en mettant à profit l’histoire orale et les connaissances locales pour trouver les sites patrimoniaux dans les zones boisées.

M. Halstead a présenté la candidature de l’étudiante, qui a obtenu un stage pour l’année universitaire en cours. Grâce aux revenus que lui procurera ce stage, Mme Roberts pourra faire de la recherche appliquée tout en poursuivant ses études. « Les travaux qui relèvent de mes cours passent en premier », indique-t-elle. « Mon programme d’études est ma grande priorité. Mais ce stage me permet d’acquérir une expérience en recherche pendant la session universitaire et m’offre aussi une source de revenu. »

Mme Roberts a vécu la plus grande partie de sa vie à Saskatoon, où elle a occupé divers emplois au terme de ses études secondaires. « Ce programme de stages est vraiment très utile », affirme-t-elle, « et pas seulement sur le plan financier. Ma mère venait de la Nation crie de Montreal Lake et j'ai grandi sans lien étroit avec elle. Après avoir travaillé pendant quelques années, j'ai décidé de faire quelque chose qui me rapprocherait de la terre. J’adore la forêt et j’aime faire du canoë et des randonnées pédestres. Je voulais choisir une carrière qui me permettrait de travailler en pleine nature. J’étais tombée par hasard sur de l’information concernant le programme de gestion intégrée des ressources, ce qui m’a amenée à déménager à Prince Albert. Mon retour aux études a été la meilleure décision de ma vie. »

Au moment d’amorcer son programme d’études, Mme Roberts ignorait que le savoir autochtone y occuperait une place importante. « Les enseignements autochtones offerts dans le cadre du programme ont une grande portée. Les cérémonies auxquelles j’ai pris part m’ont incitée à renouer avec la famille de ma mère, qui est décédée récemment. Je ne m’y attendais pas du tout, mais le stage m’a permis de reconnecter encore davantage avec mes racines. J’ai participé à des travaux qui m’ont aidée à découvrir un lien avec le territoire de mon peuple et à retrouver une partie de l’héritage dont j’avais été privée. »

Pour Mme Roberts, ces changements sont une source de réconfort et d’assurance : « Les stages offrent des possibilités aux Autochtones. Les systèmes scolaires reconnaissent ce qui doit être réparé dans le cadre des efforts de vérité et de réconciliation. C’est formidable! »

La troisième personne à avoir obtenu un stage pour Autochtones à Sask Polytech en 2023 est Dakota Schaffer. Cette récente diplômée du programme de récréothérapie (page en anglais) entreprendra bientôt un stage de huit mois sous la direction de Linda Martin, qui a déjà supervisé ses stages antérieurs. Mme Martin, qui est directrice du programme d’études, est ravie à l’idée que Mme Schaffer puisse continuer de participer avec elle à la recherche, d’autant plus que sa stagiaire figure parmi les premiers récréothérapeutes à travailler dans une école primaire en Saskatchewan, voire au Canada, en dehors d’un stage d’études.

« Dakota a une excellente occasion de faire mieux connaitre notre profession dans le système scolaire », explique Mme Martin. « Bien des gens ne savent pas ce que font les récréothérapeutes. Notre but est de mettre en lumière les avantages de la récréothérapie pour les enfants et les jeunes qui ont des besoins importants et de promouvoir la profession dans le réseau d’éducation. En tant que récréothérapeutes, nous pouvons jouer un rôle important auprès de nombreux élèves — mais seulement si on nous donne la possibilité de travailler auprès de cette clientèle. Le stage de Dakota contribuera à renforcer l’argument en faveur de l’adoption en milieu scolaire d’un modèle intégré de santé et de bien-être, qui englobe la récréothérapie. »

Mme Schaffer travaillera auprès d’un large éventail d’élèves, de la maternelle à la 8e année, qui ont des problèmes de santé mentale, des déficiences neurodéveloppementales et des difficultés liées à des traumatismes. Elle fera son stage au St. Mary’s Wellness and Education Centre, à Saskatoon, qui sert à la fois d’école et d’établissement de santé et dont la clientèle compte une forte proportion d’Autochtones et de nouveaux arrivants au Canada.

« Je suis vraiment emballée », s’exclame Mme Schaffer. « Le stage me permettra de travailler auprès des élèves jusqu’à la fin de l’année scolaire. Mes stages précédents duraient de quatre à huit semaines et je trouvais difficile de laisser les élèves au milieu de l’année. Je me réjouis aussi du fait que ce stage sera mon emploi à plein temps. Quand je faisais mes stages dans le cadre de mes études, j’allais travailler après avoir passé une journée complète auprès des élèves. C’est plus facile de mettre en pratique ce que nous préconisons en tant que récréothérapeutes si nous arrivons au travail bien reposés chaque jour! »

Mme Schaffer a grandi dans une ferme près d’Outlook. C’est seulement à la préadolescence qu’elle a pris connaissance de ses origines — au moment où son père a retrouvé son propre père qui, à la surprise de tous, s’est révélé être l’écrivain renommé Richard Wagamese.

« La première fois que j’ai rencontré mon grand-père – à qui mon frère ressemble beaucoup –, j’ai tout de suite compris que c’est de lui que je tiens ma personnalité extrovertie », relate Mme Schaffer. « J’ai retrouvé à ce moment une part de moi-même. C’est passionnant d’en apprendre davantage sur mes racines et je suis fière des origines de ma famille. J’ai vraiment hâte de travailler au centre St. Mary’s avec l’équipe de Sask Polytech et de contribuer à améliorer les choses dans ma communauté. »

Susan Blum, vice-présidente associée, Recherche appliquée et innovation à Sask Polytech, est enchantée du soutien offert par le CRSNG : « Nous tenons à remercier le CRSNG pour la subvention de mobilisation qui nous permet d’offrir ces stages de recherche appliquée. Il est important de favoriser la participation des étudiantes et étudiants autochtones pour contribuer à la réalisation de nos objectifs en matière d’équité, de diversité, d’inclusion et d’autochtonisation (page en anglais) en recherche appliquée. Les projets auxquels travaillent nos stagiaires sont vraiment inspirants. »

Cet article a été adapté, traduit et publié avec l’autorisation de Saskatchewan Polytechnic (page en anglais).

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